Il y a maintenant plus de cinq ans, fort de ce que vous avez pu lire en téléchargeant le livre « L’aventure végane », je me suis lancé dans un projet, sans doute un peu farfelu pour quelques-uns : essayer de faire passer le message du tout végétal dans cette société qui manifestement n’en a strictement rien à faire…
On a beau constater une dégradation flagrante du climat, et savoir que la meilleure manière d’endiguer cette catastrophe qui nous arrive dessus serait d’arrêter l’élevage, on a beau savoir que la viande et les produits laitiers sont très mauvais pour la santé, et que cela occasionne des souffrances inouïes à des milliards d’êtres aussi sensibles que nous, personne, ou très peu, n’a l’air de prendre cela bien au sérieux.
Je me suis donc mis à la recherche d’un endroit d’où il serait possible de diffuser cela, au travers d’événements, festivals, conférences…
Il était nécessaire, pour un pareil projet, de trouver une propriété suffisamment étendue, dans une zone où la densité de population permettrait d’organiser ces événements, sans pour cela ne déranger personne, le tout avec un budget extrêmement limité…
Durant plus d’une année, j’ai parcouru toute la Bretagne avec ma camionnette, me rendant d’une propriété à une autre, de Brest à Paimpol, en passant par Vannes, Morlaix, Lannion… C’était vraiment très compliqué. Je pensais avoir trouvé le bon endroit, près de Bégard, un ensemble d’habitations superbe, mais beaucoup trop cher. Durant six mois, j’ai essayé de trouver du monde pour le financement, en vain…
C’est alors que sur le site du Bon Coin est apparue une annonce stupéfiante. J’avais du mal à y croire ; elle correspondait exactement à ce dont j’avais besoin : plusieurs habitations, pas énormément mais juste ce qu’il fallait, sur un terrain suffisamment grand pour organiser des concerts, un festival, une salle des fêtes sonorisée, avec des cuisines professionnelles permettant de transformer l’ensemble en un restaurant pour au moins 60 personnes, un hangar qu’il serait possible de transformer en salle pour des conférences, d’autres dépendances et, surplombant l’ensemble, un magnifique moulin qui apparaît comme une sorte de flambeau lorsque l’on arrive de Pontrieux. Non loin de ce moulin, une immense horloge, aussi grande que celle de Genève, est comme posée sur le sol, un peu semblable à celle que l’on peut voir dans Alice au pays des merveilles… Elle fonctionne parfaitement !
Un vrai conte de fées…
L’ensemble se situe sur la commune de Quemper-Guézennec (1), à côté d’une superbe petite ville de caractère : Pontrieux (2), à douze kilomètres de Paimpol, une cité de corsaires…
Après avoir réalisé qu’il ne s’agissait pas d’un canular, j’ai fait une offre au propriétaire. Puis j’ai attendu. Un SMS est arrivé sur mon smartphone : j’augmente un peu, et ce sera accepté ! J’ai donc augmenté un peu : La propriété était acquise !
Malheureusement, rien n’est facile lorsqu’il s’agit de faire triompher des idées dans un monde qui n’y est pas préparé. Le propriétaire, un ancien éleveur de cochons, reçut la visite de personnes bien intentionnées qui lui montrèrent ma page Facebook et les publications concernant le mode de vie végétalien que j’avais adopté, ainsi que les conséquences de la consommation de viande et de l’élevage en général sur la planète…
L’homme annonça alors qu’il ne voulait plus me vendre.
J’étais vraiment consterné. Jamais je n’aurais pu retrouver une propriété pareille, dans un coin pareil, à un prix pareil. Mais il ne voulait pas vendre à « des gens comme ça »…
Bienheureusement, il s’était déjà engagé. Il avait signé son accord pour l’achat. Il était trop tard, il ne pouvait plus se rétracter, car en France une promesse unilatérale de vente engage définitivement le vendeur, surtout lorsqu’il s’agit d’une vente « parfaite », c’est-à-dire une vente dont le prix proposé est exactement celui que le vendeur avait affiché au tout début.
Le procès a duré plus de cinq ans, mais il est enfin gagné. Nous y serons courant 2024. À ce moment, ce sera une nouvelle aventure qui commencera… Le potentiel est énorme. La propriété n’est pas très grande, un hectare, mais elle est très bien agencée. Les habitations sont concentrées sur un côté, ce qui laisse la plus grande partie du terrain pour les événements qui seront régulièrement organisés, des marchés artisanaux, des concerts, sans doute un ou deux festivals…
Une scène permanente sera installée. L’endroit étant un peu excentré, on ne dérangera personne.
Au départ, nous aurons besoin de bras pour aménager cela comme il faudra… Et toute l’année, il y aura besoin de bénévoles pour les événements. Il y aura un dortoir pour l’hébergement, des emplacements pour camper, un village de tipis.
Si vous êtes en bateau et que vous passiez par là lors de vos navigations, il y a une petite marina à Pontrieux. La propriété fait partie de la commune de Quemper-Guézennec, mais la marina se situe exactement à 2500 mètres à pied du village.
Pontrieux est en outre une magnifique petite ville de caractère, à seulement quatorze kilomètres de Paimpol, une cité corsaire, non loin de la côte de granit rose, l’une des plus belles côtes d’Europe.
Donc n’hésitez pas à venir amarrer votre bateau à l’un des pontons de cette marina, et nous rendre visite.
Il faudra pour cela remonter le Trieux. Faites attention aux trois derniers méandres si vous essayez de remonter à mi-marée. On peut se retrouver planté dans la vase après l’embouchure du Leff. Si cela vous arrivait, il suffirait d’attendre que l’eau remonte…
(1) Quemper-Guézennec : patrie du navigateur Paul-Antoine Fleurio de Langle, commandant de l’Astrolabe, qui participa à l’expédition de la Pérouse. Né le 1er août 1744 à Quemper-Guézennec, mort le 11 décembre 1787 à Tutuila, Samoa Américaines.
(2) Pontrieux, patrie de Nicole Van de Kerchove (1945-2008), célèbre navigatrice, autrice de plusieurs ouvrages.
Une petite explication concernant le nom « Milin Kemper ».
Milin signifie moulin en breton.
Il est tellement beau ce moulin qu’il n’était guère possible de ne pas s’en servir comme symbole pour désigner l’endroit.
Le mot Kemper donne une indication géographique, car la ville hébergeant la propriété s’appelle Kemper Gwezennec (Quemper-Guezennec en français).
Donner une indication sur le lieu était un plus.
Mais ce n’est bien évidemment pas la véritable raison…
Kemper signifie également « Confluent ».
Il y a des confluents de rivières, comme il y a des confluents d’idées…
L’image est sublime…
Toute l’idée du projet est contenu dans ce simple petit mot…