Il est une chose qui risque de surprendre plus d’un « popaa », même parmi ceux installés à Tahiti depuis bien longtemps : Une partie non négligeable de la population ne nous aime pas !
Et lorsque je dis « ne nous aime pas », c’est vraiment qu’ils ne nous aiment pas du tout !
Il n’est pas très aisé de s’en apercevoir car leur physionomie est toujours souriante, et cette culture de l’hospitalité fait que l’on a toujours le sentiment d’être le bienvenu. Ce qui est d’ailleurs vrai, mais cela n’empêche pas leur esprit d’être parfois obscurci par une certaine animosité envers les descendants directs des compatriotes de Bougainville.
Apparemment, la période des essais nucléaires n’a strictement rien à voir là-dedans. Ni même l’époque de la colonie, bien que certains faits exécrables soient encore dans de nombreuses mémoires.
En fait, d’après ce que j’ai pu comprendre lors de conversations amicales avec des Tahitiens et Tahitiennes de ma génération, il y aurait deux traits principaux de notre comportement qui engendreraient cette espèce de malaise.
Le premier est le fait que nous restons toujours entre nous. Nous ne cherchons que peu le contact avec les Polynésiens de pure souche.
Le second est que nous nous sentons parfois supérieurs à eux. Et cela, ils le ressentent de manière assez forte.
Et sincèrement, je pense que ces remarques ne sont pas tout à fait infondées.
Certains faits survenus durant l’époque « coloniale » viennent également ajouter un peu de rancœur à l’ensemble, surtout dans la génération des 50-60 ans.
Lors de nos navigations sur les fleuves d’Amérique du Nord, j’avais été outré par le récit d’un Québécois me racontant que, jusqu’à une époque assez récente, les anglophones leur avaient interdit de parler français dans les écoles. Interdire à des francophones de parler leur propre langue? Sans doute suis-je un peu naïf, mais jamais je n’aurais pu imaginer une pareille chose de la part de gens civilisés.
Et voilà qu’arrivé sur ces terres de rêve, j’apprends que nous-même, Français, avons interdit aux Polynésiens de parler leur propre langue dans les écoles de la République.
D’autres faits sont venus se greffer. Des notaires profitaient de la crédulité des autochtones pour s’emparer de terrains en échange de quelques bouteilles d’alcool, par exemple. Je n’ai pas recensé tous les méfaits que l’on m’a contés, mais une chose est certaine, c’est que nous avons à nous reprocher sur ces terres, nous autres Français.
Je ne sais si tout cela a fait l’objet de thèses ou d’écrits quelconques, mais je pense qu’il serait bon qu’un véritable mea culpa soit fait, et que nous commencions enfin à nous regarder en face, avec nos qualités, sans doute, car nous en avons aussi, mais également avec nos défauts.
Voilà, je ne sais pas quoi vous dire de plus sur ce sujet qui me gêne un peu, mais qu’il était vraiment nécessaire de soulever. N’hésitez pas à réagir si vous en sentez la nécessité.