L’âme de Tahiti… Quel drôle de titre, penseront certains navigateurs dont l’escale sur cette île n’aura été que de la durée nécessaire au réapprovisionnement. Comment une pareille île coincée entre ses voies express surchargées du matin au soir et ses hypermarchés aux parkings encombrés pourrait-elle avoir une âme ???
Pourtant, elle existe cette âme, mais elle nous est malheureusement cachée, parfois même par ceux chargés de faire découvrir la culture polynésienne aux gens qui se seront pris la peine de se déplacer jusqu’à elle.
Pour avoir une idée de ce dont je veux parler, il suffit d’aller au musée des îles, le musée de référence au niveau de la Polynésie, situé au sud de Punaauia. Un musée très complet semble-t-il…
Cependant, si l’on cherche bien, on s’aperçoit vite qu’il y manque quelque chose.
Ce quelque chose, c’est à mon sens l’une des composantes les plus essentielles de ce que l’on peut réellement appeler « l’âme de Tahiti »!
Rien sur les anciennes religions, aucune référence aux anciens dieux, pas même sur Ta’aroa, le dieu des dieux, ou sur Ruahatu, le dieu de l’océan. Les anciennes coutumes, qui ont d’ailleurs tendance à réapparaître dans les milieux traditionnels, ont été complètement éclipsées… La mythologie, tous ces mythes extraordinaires qui sont à la Polynésie ce que l’Odyssée est à la Grèce antique ? Rien de tout cela n’y figure. C’est à peine si vous pourrez trouver une petite représentation de Oro, le dieu de la guerre et de la fertilité, et encore, il vous faudra bien la chercher.
Par contre, l’arrivée de la Bible sur l’île… Alors là, Oui !
Un espace complet y est réservé. D’anciennes bibles y sont exposées, des courriers provenant des premiers missionnaires, des explications sur leurs différents voyages, leur nom, les noms des premiers évangélisés… Tout y est !!!
Mais que s’est-il donc passé avant ???
Apparemment rien !
J’avais déjà eu l’occasion de m’élever contre certaines pratiques anti-culturelles lors de mes voyages dans le fin fond de l’Amérique du Sud, mais jamais je n’aurais pu penser retrouver de tels problèmes sur cette terre de Polynésie.
Et pourtant, il n’est pas un seul véritable Tahitien qui, bien souvent en parallèle avec l’une des religions que nous leur avons apportées, ne voue un grand respect, pour ne pas dire un culte secret, pour ces anciennes croyances. Les maraes, ces tas de pierre représentant ce que les Popaas (2) appellent des sites archéologiques, sont pour les gens d’ici de véritables lieux sacrés sur lesquels très peu n’oseraient même s’aventurer sans l’approbation d’un tahu’a, c’est-à-dire un prêtre de l’ancienne religion…
La religion des ancêtres reprend d’ailleurs peu à peu de son essor. Des cultes sont célébrés sur certains maraes lors de certaines nuits de pleine lune.
Quelle chose extraordinaire que celle-là : Après avoir été colonisés, puis « évangélisés », que des gens de cette terre puissent nous dire « Nous n’en voulons plus de votre religion, nous retournons à celle de nos ancêtres ». C’est là, à mon sens, l’un des événements les plus remarquables que l’on puisse constater en cette époque où la société de consommation a plus tendance à nous transformer en véritables moutons qu’en adultes ayant le libre arbitre sur nos pensées.
Malheureusement, la dernière force que l’on peut encore appeler « colonisatrice », sur cette terre où règne à présent la démocratie, celle des curés, ou plutôt celle des chrétiens en général, ne supporte bien évidemment pas de voir les ouailles se détourner du seul chemin leur semblant valable pour s’en aller prier je ne sais quels esprits démoniaques. (1)
« Mais ils pratiquaient les sacrifices humains », vous rétorquent-ils lorsque vous essayez d’engager le débat.
Une religion n’a-t-elle pas le droit d’évoluer ? Que ce soit celle des chrétiens ou celle des Tahitiens? Et puis ne suffit-il pas d’ouvrir la Bible et lire certains passages de l’Ancien Testament pour se rendre compte que, dans le registre des atrocités, la Bible n’est pas en reste ? (si vous voulez des exemples, n’hésitez pas à me demander).
Que l’on puisse camoufler des données faisant partie intégrante du patrimoine culturel de tout un peuple dans le seul but de ne pas détourner ce peuple du troupeau dans lequel il a été placé il y a de cela 300 ans, je trouve cela lamentable.
Voici une vidéo faite sur l’un des maraes de Tahiti. La qualité de l’image est exécrable car la caméra était mal réglée…
Mais écoutez ce qui est dit… C’est carrément l’âme de Tahiti qui y est expliquée ! SVP, écoutez jusqu’à la fin…
Mon seul regret lors de cette escale sur cette merveilleuse île aura été de ne pouvoir assister à l’un des offices religieux sur les maraes. Il m’aura fallu longtemps avant de pouvoir pénétrer un peu ce milieu assez extraordinaire, mais malheureusement très fermé. Je connaissais la date de l’un des offices qui était un soir de pleine lune, je connaissais l’endroit, un marae que j’étais allé reconnaître quelques jours plus tôt avec mon vélo, je m’étais procuré la tenue à adopter, des vêtements de couleur blanche. J’avais tout préparé pour pouvoir y aller. Aurais-je été accepté ? Je suis un Français, et cela se voit.
Toujours est-il que le jour venu, le maramu a soufflé si fort que des bateaux ont dérapé en face de la marina de Punaauia. Le mien a reculé de plusieurs dizaines de mètres. Et l’alerte au maramu ne me permettait pas de laisser Victor seul durant la nuit. J’ai dû renoncer à cette cérémonie.
Ce sera pour une autre fois…
(1) Ce que je vais raconter sur l’intolérance des chrétiens risque de choquer les âmes pieuses, mais comment pourrais-je me taire à présent que le morceau est à moitié craché ?
L’avènement de la chrétienté a été principalement l’avènement de l’intolérance. Au lieu d’apprendre à se respecter malgré nos différences, l’homme a appris à haïr son prochain si ses croyances n’étaient pas les mêmes. Il en a découlé tout ce que l’on sait, les persécutions, les tortures, les mises en esclavage, les bûchers, les guerres de religions.
Toute l’histoire de l’humanité n’est qu’une longue suite de faits aussi sanglants qu’aberrants lorsque l’on considère ce pauvre type mort sur la croix après avoir simplement demandé aux hommes de s’aimer les uns les autres.
L’une des dernières aberrations recensées dans le registre des atrocités l’a été il y a un peu plus de vingt ans, en l’année 1990, sur un atoll des Tuamotu, celui de Faaite, juste à côté de Fakarava. Monseigneur Hubert Coppenrath, évêque de Papeete, envoya trois femmes en mission auprès des habitants de cette île. Il s’agissait de Sylvia Alexandre, Rahera Teanuanua, et Avehina Tekurarere, représentantes du Renouveau charismatique, un mouvement chrétien.
Ces femmes restèrent plusieurs jours sur l’île. Que se produisit-il durant ces quelques jours ? Toujours est-il que dès leur départ, une purge a été organisée parmi la population. Des bûchers ont été allumés en face de l’église, et l’on y a brûlé vive six personnes « pour les purifier… ». Une mère a même été portée par son propre fils sur l’un de ces bûchers, une sur l’a été par son propre frère. Et si les gendarmes n’étaient pas intervenus, six autres personnes auraient connu le même sort le lendemain à midi. Au nom de la Bible et de Jésus.
C’est malheureusement cette particularité qui a permis à la religion chrétienne de s’imposer. S’il n’y avait pas eu cette espèce de fanatisme borné, jamais la chrétienté ne constituerait l’une des trois principales religions de la planète. Mais est-ce là un argument qui pourrait faire d’elle la meilleure des religions ?
Pensez-vous qu’une religion puisse être la meilleure (même s’il s’agit de la vôtre) lorsqu’elle vous a été inculquée par vos parents ou vos grands-parents qui ont dû, pour leur part, s’y soumettre de force ?
Les premiers martyrs, que l’on jetait aux lions, n’étaient pas victimes de l’intolérance de la société romaine. Les Romains ne demandaient à personne de se soumettre à leur religion, pas même aux peuples qu’ils assujettissaient.
À cette époque, que l’on soit maître ou esclave, chacun était libre de croire en ce qu’il voulait et même de penser ce qu’il voulait. Mon fils, qui est un passionné de l’époque latine Lien vers le site sur la Rome antique, m’explique même qu’il y avait de nombreuses religions dans la Rome antique.
Et pourtant, seuls les chrétiens étaient persécutés…
Pourquoi ?
Il semble que ce soit en partie à cause de leur intolérance à eux envers les autres religions.
Déjà !
Le verdict de mort qu’ils subissaient ne résultait pas du fait qu’ils adoraient un autre dieu, du moins dans les premiers temps, car ensuite le problème fut différent, surtout après l’incendie de Rome.
L’ordre établi dans la Rome antique offrait à chacun la liberté de choisir ses propres croyances parmi toute la palette dont disposait la société. Mais aux yeux des chrétiens, une seule religion était bonne : La leur ! Et il fallait l’imposer aux autres.
Des recherches ont été faites sur ce sujet, des recherches dont certains résultats entrent en contradiction avec ce que l’histoire raconte, une histoire qui avait bien évidemment été manipulée par les chrétiens…
Lorsque la chrétienté fut devenue religion d’État dans la Rome antique, alors cette liberté de penser et de croire fut tout simplement supprimée. Il fut ordonné à chaque individu d’adopter la religion chrétienne, qu’il le veuille ou non. Telle était la loi !
Est-il là l’enseignement du Christ ?
Soyez bons, charitables, aimez-vous les uns les autres. Voilà ce qu’a enseigné le Christ. Et même si vous croyez en une autre divinité, ou